CHAPITRE VI

Donal et Evan volèrent un bateau et mirent le cap sur Hondarth. Près des quais, ils ôtèrent leurs bottes, puis ils se laissèrent tomber dans l'eau et finirent le chemin à la nage, pour ne pas alerter la flotte atvienne. Apparemment guéri, Lorn nageait bien. Dans sa main gauche, Donal tenait l'épée, car il n'avait ni fourreau ni ceinture.

— Je remets ma vie entre tes mains, murmura Evan tandis qu'ils se faufilaient dans une allée obscure, près de la taverne.

— Oh ? Je te prenais pour un vaillant combattant...

— Oui, c'est vrai, mais je n'ai pas autant d'atouts que toi... Tu as tes lirs, la possibilité de te métamorphoser... Et ton épée magique. A côté, qu'ai-je ?

Donal regarda l'épée. Oui, elle était peut-être ensorcelée... Puis il la revit, plantée dans la poitrine de Finn.

Il ferma les yeux. Su’fali... Oh, su’fali...

Donal rouvrit les yeux, alarmé par un bruit sourd. Deux hommes se dirigeaient vers la taverne.

Donal regarda ses pieds nus.

— Je crois que nous aurions besoin d'une paire de bottes.

— Que dirais-tu d’ emprunter celles de ces deux marins ? sourit Evan.

— D'accord. Mais discrètement.

Une minute plus tard, ils avaient aux pieds les bottes des deux hommes inconscients.

— Et maintenant, Mujhar ?

— Je viens de me faire voleur pour ne pas marcher pieds nus, et je vais aggraver mon cas en prenant aussi un cheval... Et un pour toi. Puis nous irons rejoindre Rowan, et l'armée.

Conduisant les chevaux volés par le licol, ils s'enfoncèrent dans la nuit. A bonne distance de la ville, ils enfourchèrent leurs montures.

— Au fond, j'aurais dû te laisser te débrouiller, lança Donal. C'est toi qui as besoin d'un cheval : moi, je peux voler.

— On reconnaît le caractère d'un vrai roi à son humanité.

— Que racontes-tu ? demanda Donal.

— Un homme destiné à régner doit apprendre à traiter les autres comme il aimerait qu'on le traitât.

— Une telle sagesse, dans la bouche d'un prince renégat ! se moqua Donal.

— Je me contente de répéter ce que dit Rhodri. Parfois, il est... pompeux. ( Evan décolla de sa peau sa chemise déchirée et sale. ) J'ai peur de ne plus ressembler à un prince, renégat ou pas... Pas plus que tu ne ressembles à un roi, seigneur Mujhar !

Donal jeta l'épée attachée à sa selle et la remplaça par la lame au Lion rampant. Le fourreau était trop court, mais c'était mieux que rien.

— Je ne suis pas encore roi, dit-il.

— Tu es le Mujhar. C'est la même chose.

— D'abord, je dois tuer Osric. A ce moment, je serai digne de monter sur le trône du Lion à la place de Karyon.

— Je suis sûr que tu réussiras, l'assura Evan.

Donal sourit et continua à chevaucher, la main posée sur l'Œil du Mujhar, qui brillait d'un éclat rouge vif.

A côté de lui courait un loup roux ; au-dessus de lui, un épervier doré volait.

Ils contournèrent les lignes atviennes et trouvèrent l'armée homanane déployée sur une grande plaine qui avait de toute évidence été témoin de nombreuses batailles, car on n'y voyait plus trace de végétation.

Quand les gardes reconnurent Donal, ils tombèrent à genoux et jurèrent allégeance à leur Mujhar. Le Cheysuli accepta l'hommage, mais sentit peser sur lui le poids de ses nouvelles responsabilités.

Le pavillon vermillon de Rowan était à l'écart des autres, perché au sommet d'une petite colline qui surplombait la plaine. Dans la nuit sans lune, Donal vit les feux de camp de l'armée atvienne, de l'autre côté du champ de bataille.

Il descendit de cheval. Oubliant l'épée accrochée à la selle, il tendit les rênes à un jeune garçon, qui les prit timidement. Il avait les cheveux noirs et lui rappela Sef.

Sef... Avant Strahan.

Lorn se campa devant l'entrée de la tente. Taj se percha sur un des poteaux. Donal inspira à fond et poussa le volet.

Irrité par cette intrusion, Rowan leva les yeux de la carte qu'il étudiait. Mais il ne put cacher sa surprise quand il reconnut son visiteur.

— Donal ! Nous commencions à craindre que vous soyez mort !

— A tort...

— Finn nous a prévenus qu'Evan et lui allaient à votre secours, il y a un mois. Nous avions peur que sa tentative ait échoué. ( Rowan aperçut soudain la cicatrice boursouflée, sur le cou de Donal. ) Par les dieux ! Qu'est-ce donc ?

— Un souvenir du garçon. ( Donal avança, suivi par Evan. ) Comment se comporte l'armée ?

— Nous n'avançons pas. Osric non plus. C'est un maître stratège. Il a moins d'hommes que nous, mais il sait les utiliser. Depuis quelque temps, il ne passe plus à l'offensive, comme s'il attendait quelque chose.

— Il m'attend, dit Donal.

Evan alla jusqu'à la table et y posa l'épée.

— Il attend cela.

— L'épée de Karyon ! dit Rowan. Vous l'avez récupérée.

— Osric l'avait donnée à Strahan...

— Et vous l'avez reprise...

Donal détourna le regard.

— Non... Je ne l'ai pas reprise... Strahan a été obligé de l'abandonner.

— Vous l'avez tué ?

— Non. Il l'a perdue parce qu'elle n'était pas à lui, mais à moi. Et parce que Finn a fait en sorte qu'il la laisse. Mon su’fali... ( La voix de Donal se brisa. ) Il est mort, Rowan. Tué par l'épée forgée par son jehan.

— Finn ! Oh, non, pas lui ! Non, non...

Donal garda le silence.

Rowan se leva et vint s'agenouiller devant Donal.

— Pardonnez-moi, mon seigneur, je ne vous ai pas salué comme il convient...

Donal regarda la tête courbée du général. Rowan avait servi Karyon, pas son héritier. Mais Karyon était mort et Finn aussi. Il ne lui restait personne...

Donal se pencha et posa une main sur l'épaule du général.

— Je vous ai dit que je ne voulais pas que vous vous prosterniez devant moi.

— C'est pourtant fait.

— Rowan... J'ai besoin de votre aide.

— Et j'ai répondu qu'elle vous était acquise.

Donal fit un effort pour ignorer la douleur de son dos. Finn n'avait pas eu le temps de soigner les blessures laissées par les serres.

— Je suis le Mujhar, dit-il. Et Cheysuli... Mais je ne conviens pas...

— Pourquoi dites-vous cela ?

— La prophétie dit que l’ héritier de toutes les lignées unira quatre royaumes ennemis. Le sang de deux races coule dans mes veines, pas celui de quatre.

— Quatre royaumes, dit Rowan pensivement. Solinde et Homana, bien entendu. Nous sommes toujours en guerre avec Solinde, semble-t-il. Le troisième pourrait être Atvia. Mais lequel est le quatrième ?

— Elias ? dit Donal en regardant Evan.

— Je ne crois pas, dit l'Ellasien en s'asseyant. Elias ne s'est jamais battu contre Homana ou un des deux autres royaumes que tu as mentionnés.

— Il reste Erinn, dans les Iles Idriennes, dit Rowan. Mais nous n'avons jamais livré bataille à Erinn.

Donal fronça les sourcils.

— La première cheysula de Shaine était erinienne. C'est celle qui a donné naissance à Lindir, ma grand-mère homanane.

— Nous n'avons plus traité avec eux depuis, dit Rowan. Erinn et Atvia s'affrontent sans cesse, au sujet d'un titre et d'insultes imaginaires, mais Homana n'a jamais été impliquée.

Evan haussa les épaules.

— C'est peut-être l'explication. Erinn est en guerre avec Atvia, qui est en guerre avec Homana, qui est en guerre avec Solinde. Cela fait quatre royaumes.

— Mais... Je n'ai pas le sang qu'il faut. Je ne suis pas l'homme de la prophétie.

— Peut-être votre fils le sera-t-il.

— Je doute fort que Ian puisse être mon héritier. C'est un bâtard, et le Conseil homanan...

— Je ne parle pas de Ian, dit Rowan. Aislinn est enceinte.

— Aislinn !

— L'enfant doit naître dans deux mois. Nous prions pour qu'il arrive à terme.

Par les dieux... Elle a gagné... La nuit où elle m'a drogué...

— Donal, dit Rowan d'un ton neutre, il y a autre chose. Cela concerne votre meijha et vos enfants.

Donal sursauta.

— Que voulez-vous dire ?

— Aislinn... a appelé Sorcha à Homana-Mujhar. J'ignore de quoi elles ont parlé ; peu de temps après l'annonce de la grossesse de la reine, Sorcha a quitté la Citadelle avec vos enfants.

— Quitté... ( Donal se leva d'un bond. ) Aislinn les a chassés... ?

— Ils vont bien, Donal, lui assura Rowan. Aislinn ne leur voulait aucun mal. Mais Sorcha est partie vers le nord, au-delà de la rivière DentBleue.

— Pour l'autre Citadelle ? Je n'arrive pas à croire qu'Aislinn ait osé... Par les dieux, je jure que si elle a agit ainsi par dépit ou pour servir Strahan, je lui ferai ce que Karyon a infligé à sa jehana. Je l'exilerai...

— Donal, interrompit Rowan, elle n'a pas fait de mal à Sorcha, ni aux enfants.

— Sorcha n'aurait jamais fait une chose pareille. Elle ne m'aurait pas quitté. Elle n'aurait pas emmené mes enfants.

Rowan haussa les épaules.

— Qui peut dire ce qui s'est passé entre Aislinn et Sorcha ? Elles se sont probablement disputées à votre sujet. Sorcha n'acceptera jamais de renoncer à vous, pas plus qu'Aislinn. Mais la reine ressemble trop à son père.

— Et elle est enceinte, dit Evan. Ma mère a eu douze enfants. Je me rappelle comment elle était... Les femmes enceintes ont souvent des idées bizarres.

— Que m'importent ses lubies ! Je ne la laisserai pas faire ça à ma meijha et à mes enfants ! Je tuerai Osric. Je gagnerai cette guerre, puis je ramènerai ma famille à la maison.

— Comment ? demanda Rowan. Nous luttons contre Osric depuis plus de six mois. Avez-vous l'intention de conclure cette guerre demain matin ?

Donal entendit du mépris dans la voix du général. Il ne l'en blâmait pas entièrement ; il devait être dur pour lui de servir un homme qui connaissait aussi mal la guerre. Un homme qui n'était pas Karyon...

— Pas demain, dit Donal. Cette nuit.

Rowan ricana.

— Comment ? répéta-t-il.

— J'irai trouver Osric et je le défierai en duel.

— Comment traverseras-tu les lignes ? demanda Evan.

— Je passerai par-dessus. Sous ma forme d'épervier.

— Quand ? demanda Rowan.

Au moins, il n'essaie pas de me faire changer d'idée.

— Plus tard, quand la nuit sera tombée. Et quand j'aurai fait mienne cette épée. Définitivement.

— Faites ce que vous avez à faire. Mais, Donal... Vous n'avez pas d'héritier.

— Pas encore, dit Donal en caressant les runes de la lame. Si Aislinn donne naissance à un garçon, et qu'il m'arrive malheur, il sera Mujhar.

— Le Bourreau ! dit soudain Evan. La rune voulait peut-être parler du garçon, qui a assassiné Finn. Ou de toi, qui veut exécuter Osric d'Atvia.

— Peu importe, dit Donal. Je le tuerai, quoi qu'il en soit.

Accompagné de ses lirs, Donal alla sur le champ de bataille. Derrière lui se trouvait l'armée homanane et en face les troupes d'Atvia.

L'épée scintillait dans ses mains. L'acier semblait argenté au clair de lune. Des runes couraient le long de la lame ; Donal lisait parfaitement le message, celui que Hale avait inscrit pour lui.

— Ja'hai, bu'lasa. Homana tahlmorra ru'maii, lut Donal dans la Haute Langue. ( Il répéta les mots en homanan. ) Accepte, mon petit-fils, au nom du tahlmorra d'Homana.

Donal s'agenouilla et planta l'épée dans la poussière. Puis il la lâcha.

— Lirs, appela-t-il, je ne connais pas les mots du rituel.

Un rituel est ce que tu veux qu’il soit, répondit Lorn.

Taj descendit et se posa sur la garde de l'épée.

Dis les paroles que tu désires. Elles suffiront.

Donal s'humecta les lèvres. Quand le rituel serait terminé, il devrait affronter Osric d'Atvia. Il était décidé à le faire, mais il n'était pas sûr d'être à la hauteur de la tâche.

II ferma lentement les paumes sur l'arme, au-dessous des serres de Taj. Mobilisant tout son courage, il fit descendre ses mains le long de la lame, jusqu'à ce qu'elles touchent le sol. Alors il sentit la douleur mordre sa chair.

— Ja'hai-na ! cria-t-il. Homana tahlmorra ru'maii ! J'accepte au nom du tahlmorra d'Homana !

Il ouvrit les mains et vit son sang jaillir.

Ses bras tremblaient. La souffrance remonta dans ses avant-bras, ses bras et ses épaules.

— Ja'hai-na, répéta-t-il. Accepté.

Le sang coulait toujours de ses mains et inondait le sol.

— Cela suffit-il ? Ai-je accompli ton souhait, Homana ?

La terre resta muette.

Il posa les mains sur le rubis du pommeau. Puis il ferma les yeux et vida son esprit.

Il avait besoin de savoir ce qu'il était...

... Il était de nouveau un petit garçon, écoutant parler son père, un chef de clan des Cheysulis.

— Tu es un guerrier cheysuli, un enfant des Premiers Nés, aimé des dieux. En toi repose la semence de la prophétie. Un jour, tu comprendras le tahlmorra du royaume, et tu seras son roi. Tu deviendras ce que personne n’a été depuis quatre cents ans : un Mujhar cheysuli. L'homme de la prophétie.

Donal ouvrit les yeux. Il lâcha le pommeau de l'épée. Le rubis brillait d'un éclat plus vif que jamais. Quand il regarda la paume de ses mains, il constata que les blessures étaient guéries.

Quand Donal trouva enfin Osric d'Atvia, il était seul dans son pavillon noir entouré de torches fumantes. Assis à une table, il étudiait les cartes, préparant de nouvelles stratégies. La lumière de quatre braseros illuminait ses cheveux roux où brillait un diadème d'or.

Il n'était pas vieux. Environ trente ans, les épaules larges, il avait l'air d'un combattant aguerri. Donal savait qu'il courait un grand risque, mais il ne reculerait pas.

Le Cheysuli avança dans la lumière. Osric leva la tête, l'air plus irrité qu'effrayé.

— Hist ? demanda-t-il en atvien.

Puis il vit l'épée.

— Tu es Donal, dit-il en homanan, avec un accent atvien.

— Je suis le Mujhar.

— Comment as-tu eu cette épée ?

— Tu l'as prise à Karyon. Je l'ai obtenue par le garçon.

— Strahan te l'a donnée ?

— Si on peut dire.

Osric était très grand et massif comme un arbre. Donal se souvint de la description que Karyon lui avait faite de Keough, le grand-père d'Osric, et il songea qu'il devait lui ressembler. L'homme était plus lourd que lui, plus musclé et sans doute plus habile à l'épée.

— On m'a dit que Strahan te gardait prisonnier.

— J'ai été libéré et j'ai emporté l'épée avec moi. Elle m'appartient, Osric. Mon grand-père l'a faite pour moi.

Les yeux bleus de l'Atvien brillèrent.

— J'ai entendu dire que cette arme était magique. Hale était donc ton grand-père ?

— Oui. Le trône m'appartient légalement. Mon sang est celui des Mujhars d'autrefois, et, avant eux, des Mujhars cheysulis.

— Moi, j'ai les droits que m'octroie la conquête, dit Osric. Comment es-tu passé à travers mes lignes ?

— J'ai volé.

— Volé ?

— Je suis un épervier quand j'en ai besoin. Ou un loup si je le décide. ( Donal écarta le rabat de l'entrée. Lorn entra silencieusement. ) Tu as choisi un ennemi redoutable. Les Cheysulis ne restent pas sans rien faire quand on envahit leur terre natale.

Osric regarda Lorn.

— Mon grand-père est mort à cause d'un loup. A Homana-Mujhar. Un loup qui ne l'a pas tué avec ses dents ou ses griffes, mais en utilisant la peur.

Donal éclata de rire.

— Ce loup, ku'reshtin, était ma mère !

— Peu importe. Je sais la vérité sur toi. Les Cheysulis ne manient pas l'épée. Je ne vois aucun inconvénient à tuer le Mujhar métamorphe d'Homana, mais j'aurais préféré un adversaire à ma hauteur.

— Karyon a été mon maître d'armes. Juge de mes aptitudes à l'aune de la réputation de mon professeur.

Les yeux d'Osric se plissèrent.

— Karyon est mort. Je l'ai tué, comme il l'avait prédit. ( Il sourit en voyant sursauter Donal. ) Tu ne le savais pas ? Il l'a dit à mon frère, Alaric, quand je l'ai envoyé à Homana, il y a près de seize ans. Karyon a affirmé que si lui et moi nous nous rencontrions sur le champ de bataille, un de nous deux mourrait. Je crois que la réputation de cet homme était surfaite. Voyons ce qu'il en est de toi.

Il se tourna et prit son épée sur sa couche. Puis il avança vers Donal.

La garde de son épée se cala confortablement dans la main du Mujhar. Il sentit une force vibrante se répandre en lui à travers le métal.

Osric était un maître bretteur. Donal s'en aperçut très vite. Il esquiva deux coups qui sifflèrent dans l'air, tout près de sa tête.

Je ne suis pas un escrimeur d'élite, en dépit de ce que je lui ai dit. Il me reste beaucoup à apprendre...

Osric, pour sa part, n'avait pas besoin de leçons.

— Tu es en mon pouvoir, imbécile. Quand tu tomberas, Homana sera à moi !

Donal recula lorsque la lame d'Osric siffla près de ses côtes. Il trébucha dans un brasero, qui se renversa. Des charbons ardents brûlèrent ses jambes et le cuir de ses bottes, mais il n'y prêta pas attention.

— Homana te résiste depuis plus de six mois, répliqua Donal en esquivant de nouveau. Pourquoi penses-tu que ma chute entraînera la sienne ?

— Il en va ainsi des duels de souverains. En tuant le chef d'une armée, on en triomphe, même si la plupart des soldats repartent vivants. Atvia n'est qu'une petite île. Un royaume de la taille d'Homana me conviendrait beaucoup mieux.

— Et après Homana, Solinde ? Ton alliée, pour le moment ?

Osric fit un sourire de carnassier.

— Qui sait, Cheysuli ?

L'épée sembla s'animer entre les mains de Donal, comme si elle protestait contre sa maladresse. Le métamorphe serra les dents et essaya de ne pas lâcher prise devant les assauts d'Osric.

Mais il dut reculer. La table se trouvait dans son dos. Il essaya de rouler en arrière pour retomber sur ses pieds, mais la lame d'Osric l'intercepta et se posa sur sa gorge.

— C'est vrai, dit Osric. Les Cheysulis ne sont pas doués à l'épée.

Le rubis s'illumina soudain, diffusant un halo de lumière autour des deux combattants. Osric cria et recula, les yeux exorbités. Son épée tremblait dans ses mains, mais il était un guerrier trop expérimenté pour céder si facilement à la peur.

Donal se releva. Les lames se croisèrent de nouveau. La force de l'Atvien repoussa de nouveau Donal contre la table.

Le halo les baignait toujours d'une lumière rouge sang.

Les mains de Donal s'engourdirent. Il eut l'impression que l'épée devenait une partie de son corps. Les runes brillèrent le long de la lame. Il leva son arme.

La lame d'Osric se brisa. Dans sa main ne restait qu'un moignon d'acier. Sa bouche s'ouvrit comme pour crier.

Donal fut littéralement soulevé par son épée. Il sentit le pouvoir armer son bras. Il frappa.

La lame pénétra dans le ventre d'Osric.

Pour Karyon. Et pour mon su’fali.